Cosmopolis est probablement une des plus grandes installations interactives jamais réalisées (2005). Ce dispositif de 25m de diamètre sur le développement urbain à fait le tour de Chine et a atteint jusqu’à 10 700 visiteurs par jours à Shanghai. Devant l’opportunité de présenter cette pièce de taille au Grand Palais, à Paris, je demandais à l‘entreprise qui la stockait d’évaluer la difficulté de la réinstaller. Il me fallut deux mois pour obtenir une réponse : Cosmopolis était parti à la décharge !
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Archive pour la catégorie ‘urban art’
Recycled Art
Lundi 22 septembre 2008Spotters
Dimanche 21 septembre 2008Le spotting, qui constitue une activité à la motivation mystérieuse, réuni aussi bien ceux qui comptabilisent les passages de trains ou les décollages d’avion, que ceux qui, engageant des programmes d’envergure planétaire, tentent d’identifier des signes d’intelligence extraterrestre dans les signaux en provenance de l’espace (SETI). Traquer dans la récurrence ou dans les infimes variations des signes du quotidien ou de l’espace ce qui nous permettrait de mieux comprendre le monde, l’univers ou la logique de la SNCF relève d’une obstination qui ne cesse de nous émerveiller.
Que l’objectif soit de découvrir une explication, la confirmation d’un doute ou d’une certitude, ou l’évidence d’un complot, il y a dans la compulsion « spottique » quelque chose qui relève du questionnement métaphysique. La série des Spotters, inspirée du projet Red Light Spotters, vise à généraliser le principe d’Observation Systématique Obstinée (OSO, – – – ∙ ∙ ∙ – – –) appliqué au monde construit par l’homme, en le couplant à la tentative, désespérée, de traduire l’information résultante sous forme de son, de lumière, de vibration… susceptibles d’apporter des éléments d’intelligibilité dans la masse des artefacts et des comportements humains.
Red Light Spotters
Samedi 20 septembre 2008
Players: Philippe Codognet, Sir Alice
Visiting the Mori Tower in Tokyo with Philippe Codognet, the evidence of red lights blinking at night came to my mind as the stubborn will of the City to say something to any open intelligence. I was facing this absurd but recursive artist’s mission : try to make the world understandable, even if it is definitely obscure to you.
If you fail : make the failure visible enough to make the evidence of the this aporia talking out loud.
That was the resulting project:
Cities are emitting obscure messages that cannot easily been deciphered: sounds, lights, smells…
Through thousands of red lights blinking in the night, Tokyo city is whispering.
This obsessing blinking should be translatable. The apparent synchronicity cannot be only a randomised process. The absence of synchronicity can also be interpreted as an obscure language.
Is the city trying to say something?
Are invisible entities communicating in front of us and we don’t even know what, why and how?
Would it be a kind of hidden speech that would remain secret because it is so obvious?
Whatever the interpretation we try to put on these signs, one cannot stay without trying to understand what’s going on around us.
In this obsessive compulsion of interpretation, people can spend hours watching without understanding and this impossibility to understand is balanced by the fascination for this almost hypnotic phenomenon.
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Stylus
Mercredi 3 septembre 2008Les J .O. se sont achevés à Pékin. Il me revient que lors de la candidature de Paris pour les J.O. Xavier Luccioni m’a proposé de participer à un concours pour le « signal ». Cet objet, sculpture ou architecture, devait signifier et signaler la présence de l’idéal olympique sur le territoire parisien.
Nous avons proposé une sculpture dont la forme élancée semblait, telle une rémanence balistique, achever le mouvement d’un pro-jet de Pekin à Paris. Plantés dans le sol du site choisi, 5 stylets en fibre de carbone, permettaient à tous, champions ou spectateurs, sur place ou en ligne, d’écrire sur le ciel de Paris.
Le jeu de câbles commandés à distance permettait de guider la pointe lumineuse dont la rémanence laissait sur la camera une trace certes éphémère mais lisible.
Réinjecter le mot dans l’épreuve qui n’a conservé qu’un simulacre médiatique des idéaux pragmatiques de nos ancêtres (notamment que tout combat cesse durant les jeux, du Tibet en Ossétie), semble maintenant un geste dérisoire. Mais l’idée que les mots continuent de s’envoler permet au projet de survivre à sa fonction initiale.
Vedute
Mardi 8 juillet 2008Players, Oleksandra Yaromova, Jean-Jacques Gay, Eesi, TAP Poitiers
Un projet pour la façade translucide et vidéo de la Scène Nationale de Poitiers. Le projet n’a pas été retenu mais il me plait que ce soit un ami dont le travail animera la façade. Dans le droit fil de Watch Out ! Vedute convertit le regard des passants en un Å“il géant découvrant le monde alentour. Le Théâtre devient la scène sur laquelle le monde se réfléchit, tout d’abord flou, en attente de l’observateur. L’image du monde bouge alors sur la peau de l’édifice à la manière des jeux d’ombre de la caverne platonicienne. Parfois un visage s’approche de la « Porte », boîte percée d’un trou qui invite le regard. C’est lui que l’on voit alors sur la façade jusqu’à ce que l’œil intrigué contemple un temps le monde avant de se lasser.
Le lieu de spectacle devient l’origine d’où l’on perçoit le spectacle de la vraie vie. Last Life.
Le titre Vedute reparait sans que le lien entre les projets soit totalement évident, quoique…
Eyegrapher
Dimanche 29 juin 2008
On sait combien le graffitiste doit luter avec la pesanteur pour accéder à des surfaces dignes d’être taguées. Ce sont des surfaces réputées inaccessibles, donc moins bien protégées, et visibles de loin comme tous les objets élevés dans le paysage urbain.
Il suffit de détacher l’outil de la main pour ne pas avoir à déplacer le corps. Le dirigeable aisément bricolé à partir de composants du commerce, peut véhiculer la peinture et une version améliorée de l’aérographe (le bien nommé). Le manipulateur expérimenté pourra ainsi, à distance et en toute impunité, signer le monde pour échapper au néant qu’entretiennent la pesanteur et la multiplicité des corps pensants.
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Reverse Time Reverse Money
Dimanche 29 juin 2008Players : Oliafur Eliason, Michael Bloomberg
Le Public Art Fund annonce le financement d’un nouveau projet urbain d’Olafur Eliason : The New York City Waterfalls. La rencontre la plus surprenante n’est probablement pas la présence de chutes d’eau dans New York mais la franchise du maire de la ville ; Michael Bloomberg, qui en toute honnêteté précise :
« Not only does public art excite and inspire New Yorkers, it helps draw visitors and adds millions of dollars into our economy†*
L’acceptation de l’art dans ses formes les plus extrêmes par les esprits les plus conservateurs a toujours été favorisée par leur plus petit dénominateur commun : l’argent, le retour sur investissement. La convertibilité du supplément d’âme en plus value financière constitue un moteur de fait de la production artistique et l’énormité des lieux d’art récemment construits dans les grandes villes de la planète répond bien à la même logique quand leurs commanditaires précisent off the record qu’il s’agit pour eux de reproduire l’effet Bilbao sous entendu la plus value touristique d’un édifice spectaculaire largement médiatisé. La question est alors de savoir dans quelle mesure un projet artistique trouve ses moyens dans sa médiatisation indépendamment de son propos ou bien s’il se dissout dans la logique de son financement ne véhiculant plus d’autre message qu’un compromis spectaculaire.
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Last Life (reminder)
Mercredi 4 juin 2008
Un jeu en ligne, reality game, pour gagner sa vie :
Alors que les metavers persistent à nous proposer des substituts colorés à la grisaille de notre quotidien, que les jeux vidéo nous offrent un nombre de vies égal à notre capacité à réduire celle des autres, il me paraît urgent de rappeler que le temps réel que l’on passe à se forger une vie 3D, on ne le passe pas à reconstruire la notre à l’image de nos rêves.
Le Reality Show appliqué au jeu vidéo en ligne
LAST LIFE ! Enjoy It
Si les autres préfèrent votre réalité à la leur, vous avez gagné !
Chacun met en ligne une webcam qui filme une partie de sa vie, de son environnement ou du monde réel alentours.
Un modèle blanc de la ville constitue la surface d’affichage de ces cadres de vies qui sont placés dans l’espace tridimensionnel à la place équivalente à celle qu’il occupe dans le monde réel.
Le temps que d’autres passent à observer cette fenêtre sur notre vie, est du temps de leur vie qu’ils dédient à la notre. Ça fait autant de points d’intérêt à notre actif. Le gagnant n’est pas celui qui fait le plus de points d’intérêt mais celui qui atteint l’objectif de visibilité qu’il s’est fixé. On peut, par exemple, faire le pari de n’intéresser personne et, bien que présent dans l’espace « publique » ne faire l’objet d’aucune attention. Le jeu peut distinguer les participants des visiteurs. Les visiteurs ne peuvent qu’ajouter des points d’attention. Les participants perdent des points équivalant au temps qu’ils passent à regarder les autres plutôt qu’à agir sur le réel pour atteindre leur objectif.
Last Life est aussi le titre d’une oeuvre de Grégory Chatonsky : Last Life
WAR PAIX Concorde
Dimanche 16 mars 2008Plus que jamais la communication autour de la chose apparait comme la clef de lecture du projet. L’affiche de lancement de la nouvelle scénographie de l’Arc de Triomphe se devait de permettre une lecture rapide de l’enjeu : questionner le symbole, faire pencher une symbolique oscillante de sa polarité militaire vers son potentiel pacifique. C’était tout l’objet de l’installation permanente : traiter du monument comme sujet en interrogeant sa monumentalité, ses références, son origine, ses stases symboliques, mais aussi sa fonction, rare, de monument exclusivement symbolique : un monument national, représentant la nation, mais au travers du filtre de la guerre. Et de là , confronter le monument à la réalité d’une période, la nôtre, qui privilégie les valeurs de paix pour en avoir fait son ecosystème pendant maintenant plus de soixante ans.
Quand j’ai su qu’il était question d’envahir par l’affiche la Concorde, l’occasion était trop belle et j’ai proposé, outrepassant mon rôle en touchant à la communication, deux affiches dont j’imaginais qu’elles se feraient face, séparés par les rails, sur les quais opposés de la station « Concorde », la bien nommée de la ligne 1. Bien entendu l’histoire en a décidé autrement, l’anglais pour « WAR » faisait problème, m’a-t-on dit. Mais il reste le thème qui hantera désormais le monument et sa communication, témoin d’un doute qui n’était pas dans l’intention, mais qui transpire désormais dans les aléas de la mission du monument national: « entre guerre et paix ».
Arc des Fêtes
Dimanche 16 mars 2008
player: Lola Duval
A s’interroger sur la valeur et la pertinence symbolique d’un monument construit en une période historique particulièrement guerrière, on en vient à peser le rapport entre la masse et le symbole, le triomphe à la tonne. Il importe de ne pas occulter les témoignages de l’histoire pour la rendre plus lisible mais aussi pour donner à comprendre les renversements qui font que la planète (touristes du monde, plus que citoyens) piétine d’aise les retours militaires triomphants, devenus fort heureusement un hommage définitif aux victimes anonymes car on l’avait compris, on ne triomphe pas d’une guerre, on y survit.
Le projet est ici de créer un Arc des Fêtes, loin de la porte sans mur et sans battant que l’on franchit la tête haute, celui-ci ne serait en rien un obstacle au regard, le contraire d’un lieu phare, landmark qui identifie fièrement les carrefours urbains, plutôt une absence, un monument en creux, peut-être pour rendre hommage aux absents anonymes et involontaires, qui pour n’avoir pas été de ceux qui partaient défendre la révolution en 1792 sur les pas de la Marseillaise de Rude, n’en sont pas moins morts, par défaut ou par hasard, qui restent la majorité anonyme et définitivement silencieuse des guerres passées présentes et à venir.
Le lieu se veut festif, car tout moment que l’on passe à faire la fête est un moment que l’on ne passe pas en guerre.