11 novembre 2006
Peinture, lumière
Les limites de la perception définissent le territoire du doute. On présuppose que l’œuvre picturale doit tenir de l’énigme pour activer dans l’esprit du regardeur les mécanismes d’interprétation qui contribuent à l’émotion esthétique (que de certitudes, qu’il faut parfois abandonner pour retrouver intact le plaisir de la chair).
Une toile blanche. Peinte uniformément. Un autre monochrome.
Alors une lumière fugace – qui marque plus par la persistance de l’impression qu’elle laisse sur la rétine que par la durée d’impact réel devrait créer cette vision. Une sorte de retour forcé du refoulé.
Le regardeur attentif peut distinguer, croit-il, une silhouette qui flotte à la surface mais disparait dès qu’il tente de mieux la voir.
Une surface de leds, derrière la toile, éclaire une fraction de seconde, laissant apparaître par transparence le contenu, le temps d’être absorbée par la surface blanche.
Le sujet de l’apparition n’est révélé au propriétaire de la toile que lorsqu’elle lui est livrée. Le contenu n’est déterminé par l’artiste qu’à la suite d’une discussion plus ou moins longue avec le futur collectionneur. Le message subliminal lui est destiné.


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8 novembre 2006
Installation, vent
Dans une période où la sensation redevient une valeur acceptée par le monde de l’art, James Turrell, Anish Kapoor, Olafur Eliasson, on peut, dans le même esprit, penser que les artistes du vent (Fan Addicts, cf. plus bas) pourraient travailler l’intensité par le vide. De Klein à Turrell, on a cherché à créer une véritable aspiration de l’âme par forfait de la rétine (on ne parlera jamais assez du retour du rétinien dans la période contemporaine). Assumons la littéralité du propos, et après l’immersif promulguons l’aspiration, supposée pleine de nos espoirs et de nos doutes.
La surface affectée est au travail de Turrell ce que la fenêtre est au tableau de la Renaissance.
Il s’agit d’un trou, donnant sur un espace noir, sans reflet, absorbant la totalité de la lumière. Quand on passe devant on est comme physiquement happé par le vide d’air entretenu à l’intérieur. Le dispositif oblige à se tenir à distance, et là , seul un rectangle noir semble collé à la surface du mur. La minceur de ce dernier pourrait donner l’impression de l’épaisseur d’une toile tendue sur un châssis à la perspective inversée.

Mais là , pour le marchand, c’est dur de vendre du vent, et plus encore quand l’œuvre prend, en lumière et en air, plus qu’elle ne donne
Et pour le Fan Addict, il se pourrait que ce soit la présence visuelle de l’hélice qui manque. Si création il y a.

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8 novembre 2006
Projet de carrière d’artiste
Player : we-make-money-not-art.com, Manuel Braun

Il est symptomatique de voir comment certains objets prennent une place symbolique renouvelée dans le champ de la création interactive. Le ventilateur constitue un de ces objets qui font maintenant partie de la panoplie de l’artiste « émergent ». Et ceci n’est probablement pas sans raison. On n’en finit plus de dire que notre interaction avec le monde est multi-sensorielle, kinésthésique, que l’art devrait s’exercer sur des sens jusqu’alors trop ignorés de la rhétorique plastique.
Contrairement au générateur de parfum et aux sources de chaleur, le ventilateur est très réactif. Il touche l’ensemble du corps. Il représente définitivement l’immatériel réifié. C’est clairement, de l’ensemble des media, le seul qui décoiffe vraiment.
Il est intéressant de constater qu’une des Å“uvres emblématiques des débuts artistiques de l’interactivité soit « La Plume » d’Edmond Couchot et Michel Bret et Marie-Hélène Tramus. Là , c’est le public qui souffle et l’image qui bouge. C’est un juste retour des choses que dans une pièce comme Blow Up de Scott Snibbe (2005), le public soit enfin physiquement touché par l’œuvre, avant que le phénomène ne s’étende, multipliant transitions et passerelles entre espace physique et espace physique (après espace physique et représentation). Vers une esthétique du vent ?
En architecture, les murs ont été progressivement remplacés par le verre, par l’image, et bientôt par le vent (déjà les murs d’air des salles d’opération des hôpitaux modernes…).
Bref j’imagine avec intérêt que nous voyions venir des artistes qui décident une fois pour toute que leur œuvre ne sentira pas la térébenthine, ne produira pas d’image, et ne cherchera pas à juxtaposer parapluies et machines à coudre mais produira du vent, savamment maîtrisé ou habilement libéré, sans que cet oeuvre soit le moins du monde considéré comme inconsistant.


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7 novembre 2006
Vidéo, 24h
L’image-mouvement pourrait ne laisser apercevoir ses mutations que lorsque le spectateur dilettante la quitterait des yeux.
On l’a assez répété, l’image animée doit parfois jouer de mutations rapides pour, grâce à la persistance des impressions rétiniennes, donner l’impression de continuité de mouvement dans une succession d’images fixes.
Paradoxalement, une variation très lente dans l’image, même lorsqu’elle affecte une partie importante de celle-ci, reste totalement imperceptible pour le spectateur attentif. La moitié bleue de l’image peut devenir rouge, si cette mutation dure trois minutes, il est probable qu’elle passe totalement inaperçue.
Le spectateur inattentif, lui, la voit ! Il regarde l’écran puis passe à autre chose, quand il revient, la rupture est suffisamment importante pour devenir remarquable.
La perception du mouvement résulte alors de l’inattention.
L’esthétique cinématographique marquée par les notions de séduction/fascination/récompense que l’on retrouve dans le caractère supposé déceptif de l’art contemporain, est alors contredite ici, seul l’indifférent est récompensé car il est le seul dont la perception ne sera ni anesthésiée ni abusée par la continuité. L’esprit en éveil récrée l’intermittence et la séquentialité qui fait défaut à la surenchère chronique de sollicitations informationnelles. Pour que la révélation ait lieu, le spectateur doit à son tour devenir l’intermittent du spectacle.

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Publié dans video |
6 novembre 2006
projet de carrière d’artiste
player : Eduardo Kac
Eduardo me fait remarquer que le projet La Ligne (cf. plus bas) a déjà été réalisé par Santiago Sierra qui a payé 30 US$ des cubains dans le besoin pour leur tatouer sur le corps une ligne de 2,40m.
Même si les projets diffèrent par la surface d’application (des collectionneurs dans le cas de mon projet) je dois admettre que j’ai probablement entendu parler de ce projet. Et voilà que je le croyais tout neuf!
Me vient alors l’idée qu’un artiste pourrait choisir de ne plus consacrer son travail à la documentation, représentation, illustration, interprétation, dénonciation, révélation de ce qui l’entoure mais plutôt à choisir et à refaire ce qui a déjà été fait par d’autres. La musique nous a familiarisés avec la notion d’interprétation et on ne reproche jamais au chef d’orchestre ou au musicien de ne pas avoir écrit la partition qu’ils interprètent.
Rien n’exclu que l’interprétation d’une Å“uvre antérieure ne soit meilleure, comme en musique, que l’interprétation de son auteur original.
La version originale de La Ligne en ligne :
http://www.santiago-sierra.com/996_1024.htm

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Publié dans artists' career design |
4 novembre 2006
Note
Player : JBB
L’Open Dump (opendump.org) est la version ouverte du Dump où chacun peut déposer ses projets et les rendre disponibles à ceux qui n’attendent que l’étincelle pour produire ou réaliser. Tout participant à l’Open Dump peut donc alternativement être force de proposition (concepteur), de commentaire (critique), de sélection (curateur), de production (producteur), et/ou de réalisation (réalisateur).
On pourrait penser que l’Open Dump vise, dans son extension maximale, à devenir au possible ce que Google est à l’existant.
Par chance, contrairement à la surexploitation de la faune aquatique par la pêche industrielle, l’Open Dump, naturellement artisanal, n’est pas prés d’écluser l’océan des possibles artistiques.
Pour Google je ne sais pas.
On sait que l’œuvre n’acquiert son statut que dans la réalisation. Les idées ne sont pas brevetables, et c’est une bonne chose.

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Publié dans Dump structure, note |
4 novembre 2006
Action
Chaque Å“uvre, dans un contexte d’exposition est sa propre publicité. L’exposition rend public, mais c’est aussi une « exhibition ». Dans le contexte de l’Entertainment, rendre public un produit est devenu la pratique courante. La fusion entre production et promotion est totalement consommée. Allons jusqu’au bout de la logique du système en proposant d’exposer dans un musée ou une collection prestigieuse une Å“uvre qui ne serait rien d’autre que la promotion d’une autre. La pièce support promotionnel doit reprendre les traits stylistiques de l’art contemporain dans sa variante académique.

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Publié dans art-merchandising, critical fusion, product placement |
4 novembre 2006
Projet de carrière d’artiste
Dans la lignée des carrières d’artiste possible, on peut imaginer de consacrer sa vie à la création de papiers-peints à haute valeur symbolique. La surface du monde et son appropriation symbolique prenant le pas sur sa substance, on peut penser, à moindre frais, produire en toute circonstance un revêtement mural signifiant. D’autres projets précédemment mentionnés entrent dans cette catégorie.

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Publié dans Wallpaper, artists' career design |
NoCArtiste No Comment Artist
6 novembre 2006Projet de carrière d’artiste
Au delà du Ready-Made Artist qui en a fini de traverser le XXème siècle, le No Comment Artist pourrait être celui qui présente les faits, assumant la désignation, non comme gesticulation dénonciatrice (montrer du doigt) mais comme geste ultime, désespéré, pour ne pas dire ce qui est criant.
Le NoCArtiste se satisfait d’extraire du monde ce qui mérite d’être rendu visible, sans adjuvant, sans excipient esthétique, et sans garantie que la médecine fasse son effet.
En cela, le No Comment Artist se rapproche du Placebo Artist, qui de l’hacktiviste au militant de la sociologie esthétique traite naturellement les maux qui disparaissent d’eux-mêmes et n’a que peu d’effet sur les maux durables.
Publié dans No Comment (NoCA), artists' career design, note, theory | Aucun commentaire »