Mon premier projet touchant au virtuel était la proposition d’un musée d’après le musée (l’Après Musée explorable, AME). Un lieu d’exposition, un espace d’être pour ce qui n’a pas de raison d’être dans l’espace physique.
Ce projet prend avec le temps – il date de 1993 – une signification accrue comme si l’histoire lui donnait raison. Un espace où chaque donnée refuserait de l’être. Qu’est-ce qu’un travail in situ, si les contraintes de la physique, de l’immobilier, de la matière, les contraintes sociales comme les contingences esthétiques, les expectations sensorielles comme les clichés fantasmatiques étaient dé-jouables?
Découvrant combien il était difficile de rendre intelligibles les propositions qui ne sont pas nécessairement fondées sur la répétition, de l’ordre de celles qui s’efforceraient de réinventer non pas la forme mais le contexte, non pas le langage mais l’air qui permet de propager son expression, AME est de cet ordre qui présuppose qu’il faille créer le contexte pour prendre d’autres formes, pour exprimer encore la même incapacité à formuler définitivement.
Le contexte pour dire la situation.
La situation pour dire la fusion/confusion entre la représentation et l’exercice illicite, non autorisé, de l’existence, qui renforce son autonomie en découvrant l’ampleur de ses limites.
AME est un projet que je dépose maintenant dans le Dump parce qu’il est suffisamment à point (mûr) pour que sa mise en œuvre infiltre les pratiques sans que son nom n’ait à faire le chemin.
Le projet initial en français
The original project in English