Deux ans avant le changement de siècle, un comité dirigé par Jean-Jacques Aillagon, alors directeur du Centre Pompidou, reçut la charge d’imaginer les cérémonies de célébration du millénaire. Curieusement je fus convié à participer à la réflexion.
Les propositions que je fis alors, visiblement en décalage complet avec les attentes implicites des commanditaires, furent systématiquement écartées. Ma première proposition, notamment, jeta un grand froid dans l’assemblée. Prenant en compte le fait qu’un tel événement serait célébré et observé par la planète entière, il importait d’émettre un signe fort à la face de l’humanité, toujours sensible à l’image des Lumières, de la révolution et des droits de l’homme, attachée à la France. On ne saurait se satisfaire des feux d’artifice à la symbolique troublante et autres festivités qui en diraient trop peu sur la vision que nous aurions d’un futur si proche.
J’avais donc proposé de lancer un appel au peuple pour la réécriture des paroles ambiguës de la Marseillaise. Le nouveau millénaire consacrant la réduction de la planète aux proportions d’un village, sinon d’un hameau global, je pensais qu’il convenait de reconsidérer les relations de voisinage. Nous avons trop clairement oublié ce que le sang des autres, nos prochains, nos proches, aurait de suffisamment impur qu’on se proposât d’en abreuver nos sillons, et de prendre les armes pour cela.
Le projet n’eut pas le temps d’être abandonné faute même d’avoir été entendu. Je travaillai dix ans plus tard sur la dimension symbolique de l’arc de Triomphe, monument national au propos si peu ambigu que j’entrepris d’en reconsidérer la symbolique pour clarifier son message et en faire un questionnement plus qu’un porte drapeau. Je repensai alors à ce projet, et dont je perçois maintenant plus que jamais l’actualité. Après le monument national, c’est l’hymne national qui mériterait d’être questionné, repensé, réécrit. Monument et hymne prétendent représenter nos valeurs, il est de notre responsabilité que ces dernières soient respectées.
Quelles seraient les paroles qu’on aimerait chanter?
Pour en finir avec l’esprit de clocher va-t-en-guerre, ne faudrait-il pas imaginer l’hymne que la terre entière nous envierait car il aurait du sens en tous lieux de la planète? Un hymne national foncièrement international. Je mesure encore aujourd’hui la difficulté d’un tel projet qui doit éviter Charybde et Scylla, angélisme et nationalisme, pour définir ce qui rassemble un peuple par-delà les frontières.
Ce post est un cas particulier. Le texte traine de longue date dans mes notes à publier, notes qui mettent trop souvent des années à faire surface sur le Dump. Il se trouve que la WebTV Arte Creative me propose de diffuser un appel en ce sens, en référence à ces notes, pour que la chronologie soit respectée voici le texte de référence.
Le site sur lequel on peut contribuer à partir du 22 janvier 2011 est:
http://sansarmescitoyens.org
et à partir du 1er février 2011 sur arte.creative.tv
mb
J’ai proposé sur mon site « marseillaise-ensemble.com » une réécriture avec une version courte et une version longue. Une aussi très longue avec 15 couplets comme la Marseillaise complète. Voici la courte mais je reconnais que ce n’est pas si bien que ça :
Allons enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !
Sur les ruines de la tyrannie,
L’étendard sanglant est tombé. (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Chanter ces frères et ces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Libérer vos fils, vos compagnes.
Ensemble, citoyens, formons l’union sacrée !
Marchons, marchons pour l’unité et la fraternité !