L’Insoutenable (intro-flux)

Anmphi Oury Sorbonne

Aujourd’hui je présente le Dump en Sorbonne. Il faut que j’y dépose encore l’introduction à laquelle j’avais pensé et qui me semble maintenant inappropriée. On ne peut cumuler les écarts à la règle sans risque d’y perdre le sens premier du geste.

« On me l’a dit il faut faire court…
…pour contrebalancer les pages les mots dits tiendront en une phrase que j’énonce ici et qui me permet de rappeler que longtemps la question se posait à moi du pourquoi-faire-thèse? quand la recherche faisait mon quotidien sous la forme nécessaire de la production sans cesse mise en questions, quand les résultats s’enchaînaient me disant combien ce que je visais n’était pas là, toujours ailleurs et d’ailleurs je m’en accommodais fort bien comprenant que la fuite de l’ennui était comme l’objectif qui se redéfini sans cesse sur le métier, horizon hors d’atteinte, et j’avais imaginé que je pourrais m’en satisfaire sachant combien l’académie ne saurait prendre en compte une pratique non discursive, non verbale, qui s’éloignerait de l’odeur du papier pour sauver les forêts de mots trop nets pour ne pas cacher quelque chose de pas propre que j’espérais encore voir surgir dans les dérives et les débordements de la mise en forme plastique et dynamique d’image, matière à palpation au contact de laquelle les doigts se perdent dans la pensée trop fugace pour qu’on puisse en capter le flux perdu dans sa lancée sur laquelle je me laissait porter hanté néanmoins que j’étais par l’idée qu’un jour je parviendrai à me poser les mots et les questions qui permettraient à ceux par qui le sens arrive en lettres d’y voir plus clair et de comprendre qu’en effet de l’effet il est rarement questions dans mes errances formelles mais non formalistes qui cherchent autrement le chemin qui mène là qu’on appelait « nulle part », ici ou ailleurs, pourvu qu’on s’y retrouve entourés d’expérience à vivre et à produire probablement dans l’attente, l’impatience et le doute que le vide m’angoisse et que le plein m’étouffe et qu’alors je me sente prêt à choisir les mots pour arrêter le sens au vol qu’au moins on appréhende en cette stase quelque chose des doutes j’en doute et il fallut que la chose vienne à moi sous la forme d’un texte à la forme prétexte qui m’offrirait l’occasion d’asseoir les mots au jour le jour et de commencer à converser sans comprendre de suite que cela voudrait dire qu’il me faudrait répondre aux questions qui se posent d’elles-mêmes quand on se laisse aller à se raconter l’action en suspend dont on sait d’ailleurs qu’elle nourrit l’incertitude qui est probablement la base du questionnement vital, celui qui nous fait remettre à plus tard l’arrêt salutaire et paniquant du flux de la même pensée saisie dans la forme, tuée dans le mouvement, le dernier que l’on souhaite définitif par la justesse de la pose, la puissance du cri, le cou tendu qui dit la vie parce qu’il s’arrête à mort, là, et qu’il me faudrait donc accepter le pacte que je m’étais moi-même imposé sang et eau et que je nourrirais joyeusement et sans sacrifice véritable qui m’en fasse plaindre mais avec le sentiment curieux que j’étais en train de faire là ce que je croyais ne plus jamais tenter, de dire pourquoi et pourquoi pas, pourquoi ça et pas autre chose, qui donnerait plus de valeur au fait de faire et justifierait d’arrêter de ne rien faire que cela, qui ne dit pas avec des mots qui pourtant parviennent alors à faire surgir dans la formulation des motifs de l’insignifiance, des motivations de la remise en question, de la formulation claire des doutes et des certitudes provisoires, l’oscillation de l’intention en instance de passage à l’acte jusqu’à croire que finalement l’acte est là bien avant qu’il ne prenne forme dans le fait de forger le doute dans la masse, d’en faire une certitude définitive de sa prééminence dans la démarche boiteuse de l’artiste qui ne tenterait pas de la masquer en laissant croire, ultime pulsion auto-hagiographique, que l’histoire de son œuvre est un processus continu et que seul ce qui affleure mérite d’être perçu plutôt que de creuser sous la ligne de flottaison là où les fluides denses et visqueux masquent douloureusement le fondement de la trace, moins gracieux mais plus terrible car il annonce la catastrophe ou le jaillissement quand il ne se fond pas dans l’oubli et c’est là qu’écrire que mettre en mots devient le moyen de faire durer l’instant fugace ou la chose se discute encore où le projet se dessine candidat à l’existence qui le plus souvent retombe dans l’informe mais pas dans l’insignifiance et chaque jour du temps que compte l’écriture du Dump ce texte dont on tourne les jours comme on retournerait l’objet pour lire ce qui est écrit dessous, en connaître l’origine, en vérifier l’authenticité, découvrir le prix, chercher la signature tout ça nage sur la page et la raison d’être surgit progressivement de ce chaos apparent qui se dessine avec le temps comme le tracé fractal de la cote de Bretagne dont la roche capricieuse ne se donne à lire qu’avec le recul traduisant un destin qui ne saurait émerger dans la réalisation de projets avortés dignes de bocaux honteux que l’on cache en cave sans oser les jeter pensant qu’un jour un esprit plus malin saura y lire ce que maintenant on ne fait qu’oublier et c’est en cela que le Dump fait texte et fait œuvre à la fois énonçant le cheminement qui va de l’étincelle à la décharge (à idées) créant un statut particulier aux projets qui ne prennent leur valeur que dans leur énoncé et dont le développement ne serait que le début de la fin épuisant le potentiel d’imaginaire que les mot entretiennent ce qu’on s’épargnera trop sensible que nous sommes à l’importance du temps consacré à la chose et à la mélancolie que déclenche inévitablement le triste paysage d’une intention qui n’a pas su s’arrêter là en amont de l’objet chose ou acte qui trahirait son incapacité à passer du registre des idées à celui des phénomènes de foire à la monstruosité fascinante et repoussante qui n’est pourtant pas ce que l’on cherche ici car le morbide n’alimente pas suffisamment notre fantasmatique pour constituer le moteur dominant de l’action mais si la question est ailleurs c’est que surnage de l’écriture ce qui fait le vrai motif de ma présence ici de ces hypothèses pour un passage à l’acte différé parfois annulé naissent progressivement des projets -car il faut qu’ils en soient- de pensée qui explicite le processus sans le dérouter, qui donne à comprendre le sens de ces errances qui de micro-analyses en micro-conclusions font thèse de ce bois là et le pari du Dump devient enfin lisible quand le flux qu’il prône draine la pensée pour construire en chemin puis avec méthode une heuristique de la création en miroir dans un pays de mots où les frontières des genres et celles des supports ne suffisent plus à cantonner le projet qui dépasse on le sait le simple enjeu formel et quand en d’autres temps on a pu voir en mes travaux des « jeux (video) métaphysiques » ce texte que je vous donne à lire suit un temps une règle celle de l’académie pour entraîner le lecteur vers des synthèses multiples bien à l’image des pratiques multiformes qui se laissent faire en art sans se laisser aller… « 

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Un commentaire sur “L’Insoutenable (intro-flux)”

  1. [...] refermer la parenthèse sans interrompre le processus. J’y avais aussi le matin même ajouté « l’Insoutenable », improbable discours de soutenance constitué d’une phrase de quatre pages que finalement je [...]

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