Patentable ! (Breveter l’univers)

Bien souvent les formes légales poussent dans ses extrêmes la rigueur de la définition des choses. L’expérience de Brancusi a aidé à définir l’œuvre, on a pu par ailleurs observer qu’un brevet pouvait définir le contour d’un territoire dont l’exploitant tirerait, avec un certain talent, un maximum de profit. C’est en effet une singularité de la propriété intellectuelle que de porter plus souvent sur les mots qui définissent le périmètre que sur la matérialité des territoires qu’ils délimitent. Le brevet est probablement la forme la plus primitive et la moins discutable de l’art conceptuel, et on comprend que Marcel Duchamp, grand joueur d’échecs, ait su préférer en son temps le concours Lépine au salon des refusés.

A l’heure où l’on peut déposer un brevet sur l’ADN des humains, quelques propositions de brevets que l’on regrettera éternellement de n’avoir su, par l’age ou l’expérience, déposer en leur temps, afin de pouvoir en offrir la jouissance libre et gratuite à l’humanité. C’eut été probablement l’occasion d’en tirer un bénéfice secondaire qui en d’autres temps aurait valut qu’on nous érige des temples, qu’on nous offre des sacrifices ou au moins des chants pour nous aider à accepter finalement d’en être trop souvent soi-même, au sens légal du terme, le protégé.

L’image IMG-V0.1
Dispositif qui juxtapose, sur toute forme de support bidimensionnel, des variations d’intensité lumineuse ou colorimétrique. La répartition spatiale des zones colorées permet, par analogie formelle, l’identification d’un ou de plusieurs sujets référents. Le référent peut être bidimensionnel ou tridimensionnel, fixe ou animé. La représentation peut être fixe ou dynamique. Le support peut être lui-même appliqué sur une surface à la géométrie variable.

Le monde WRLD-V0.9
Assemblage combinatoire de particules produit de manière à constituer un nombre déterminé de combinaisons. Les assemblages de particules sont susceptibles d’être à leur tour combinés entre eux constituant des substrats qui en fonction de leur agencement pourront définir des entités complexes en nombre indéterminé. Les particules sont de niveau suffisamment bas dans la hiérarchie des composants pour qu’aucune entité ne puisse être considérée comme résultant de leur assemblage.

La vie LF-V1.0
Extension du brevet WRLD-V0.9. Atteignant un certain niveau de complexité l’assemblage de second degré des particules peut constituer une forme dynamique, évolutive et auto générative susceptible d’interactions complexes entre les entités résultantes.

La mort DTH-V0
Le dispositif rend possible l’arrêt de tout dispositif dynamique dans l’exercice de son autonomie relative. Le dispositif interrompt les chaînes causales résultant de la mise en mouvement des particules et désactive les fonctions organiques et cognitives afférentes. Le dispositif rend possible la neutralisation, intentionnelle ou non, des processus en cours dans l’application des propriétés des brevets WRLD-V0.9 et LF-V1.0. Il constitue une extension de ces brevets.

Le désir DSR-V0.001
Le dispositif protégé par ce brevet permet l’activation d’une absence variable dans la chaîne causale qui déclenche des actions semi autonomes visant à combler ce manque, réel, imaginaire ou symbolique. La mise en œuvre de ce dispositif permettra l’activation de fonctions complétives, substitutives ou palliatives à rendement variable. Dans ce dispositif, le concept de satisfaction est évoqué à des fins d’optimisation du rendement du système. Ce concept assume une fonction de catalyse dans la mesure où il favorise la réaction sans y participer.

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Un commentaire sur “Patentable ! (Breveter l’univers)”

  1. VolTerre dit :

    Le fameux DouDou premier objet transitionnel par excellence de l’enfance mérite t’il cette gratification d’apparaitre dans la classification des dispositifs de désir protégés par un brevet ? A l’heure du numérique il ne faudrait pas qu’ils virtualisent nos tendres doudous. Trop c’est trop.

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