L’improduction

I would prefer not to

Je soutenais en décembre dernier ce blog, comme thèse. L’alchimie ainsi pratiquée visait à convertir le Dump, décharge à projets non aboutis, en thèse de doctorat justement intitulée : L’intention artistique à l’œuvre, hypothèses pour un passage à l’acte. Pour ce faire j’en fis précéder la compilation imprimée d’une introduction de 35 pages destinée à faciliter son inscription dans le rituel académique. Le jury remarqua, dénonçant le caractère peu académique de la pratique, combien mon texte était peu chargé en références, auteurs et œuvres, que l’on serait en droit d’attendre d’une thèse de doctorat, fut-elle en art. La faute en vient au fait que le projet lui-même n’avait d’académique que la réalisation d’un de ses énoncés intitulé « Ecrire une thèse » ce que je fis sous forme de performance hyperréaliste : Soutenance d’un épais volume dans le cadre suranné d’un amphithéâtre de la Sorbonne en présence d’un jury international à l’ouverture d’esprit propre à lire la thèse dans l’œuvre. J’avais pris soin de poster sur le blog une « Inconclusion », pour refermer la parenthèse sans interrompre le processus. J’y avais aussi le matin même ajouté « l’Insoutenable », improbable discours de soutenance constitué d’une phrase de quatre pages que finalement je lu en guise de présentation.

Il subsiste (au moins) une faiblesse dans la logique du projet : cet ajout académique qui constitue l’introduction de la version imprimée. Je n’avais pas trouvé la manière de rendre l’objet congru au contexte universitaire sans créer de rupture formelle. Je découvre –tardivement, n’ai-je pas remercié Bayard pour m’avoir aidé à accepter le cœur léger l’idée de parler des livres qu’on a pas lus?- l’ouvrage de Jean-Yves Jouannais Artistes sans œuvres, I would prefer not to (Hazan, 1997). Il est clair que cet ouvrage lumineux contient toute la matière qui aurait du alimenter mon introduction à une thèse listant les œuvres non réalisées au détriment de la liste pléthorique de celles qui l’ont été et que, toujours selon le jury, on aurait été en droit d’attendre d’un doctorat en art.

Mon projet rétrospectif, non réalisé puisque le moment est passé, est d’écrire un texte intitulé « Improduction », constituant l’introduction de la thèse et dont le contenu serait un collage habile de l’essai de Jean-Yves Jouannais. Cette introduction que j’ai, à peine, su écrire, j’aurais du la découper, en tailler le patron dans le texte d’un autre. Ainsi fait, le projet répondrait à un double objectif: satisfaire mon penchant coupable pour le raccourci tout en réparant un oubli d’énonciation non moins coupable.

Ce projet ajoute une catégorie au Dump dont la liste comprenait déjà l’Already Made Art (AMA) et dans laquelle nous comptons dorénavant l’AWT: Already Written Text.

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