La sirène du métro

Siren

Les statistiques montrent que les français, quelque soit leur situation, anticipent la possibilité de se trouver un jour sans logis et sans moyens. Dans ce contexte, chacun se demande ce que serait sa position, comment survivre, comment exprimer son besoin sans perdre la face, comment jouer le jeu à pile ou face quand c’est de survivre au quotidien qu’il s’agit ?
Le métro est la scène où s’exprime le plus clairement la situation de crise : la non appartenance aux deux extrêmes du voyage: le boulot, le dodo. Il est impressionnant de voir ce que certains décident de produire pour crier l’incapacité à quitter cet entre-deux qui devient à leur corps défendant le boulot/dodo de transit.
Produire de la musique, du spectacle, rendre acceptable aux autres ce moment nécessaire de passage. Les passants passent et le quémandeur reste.

Le projet consiste à se demander si les pratiques lénifiantes qui annulent par le spectacle le sentiment latent de culpabilité pour faciliter le geste salvateur qui consiste à mettre la main à la poche, non parce que l’on se sent coupable mais parce que l’on remercie l’autre d’atténuer sa peine, la notre, par quelques notes, ou en signifiant haut et fort, que dans la misère humaine il est possible de toucher d’autres fonds, que l’on pourrait abonder à moindre frais.

Et si le cri était plus clair, si l’accordéon, le violon ou l’ampli faisait place à la sirène, l’alarme, qui n’aurait d’autre message que de dire l’urgence, est-ce qu’alors le geste salvateur s’exprimerait de la même manière, sans faux semblant, sans faux échange et sans culpabilité ?
Dans le couloir du métro, l’attente du geste salutaire n’a d’autre accompagnement sonore que la sirène lancinante, qui dit l’urgence, que le gyrophare confirme, inlassablement.

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