Je retrouve cette image prise durant l’exposition Air de Paris. Beaucoup furent troublés par cette intrusion franche et inespérée de l’extérieur dans l’espace préservé de l’exposition. Où l’on vérifie, et on se plait à croire, qu’il était dans l’intention des auteurs de confronter espace de vie et espace de monstration. L’effet produit interroge tout autant sur la force des propos artistiques comparée à l’évidente puissance définitive du réel qui s’obstine à faire Å“uvre malgré lui, pour peu que le cadre de la fenêtre nous conduise à chercher le cartel là où l’on ne devrait trouver que la lumière. Cette bouffée d’air de Paris, dans la tiédeur confinée du monde de l’art est réveillée (révélée), par l’entremise d’une silhouette coupant net le champ pour une mise en abîme radicale de notre propre regard. Et c’est le vide de la ville en bas qui nous aspire quand la structure tubulaire de l’architecture semble garder le corps du délit, dedans, et le sujet dehors.
Quand Nouvel fend le Quai Branly pour révéler la Tour Eiffel, il cadre le cliché, quand J. Turrel ouvre le toit sur le ciel (Skyspaces), il laisse le monochrome dynamique se trahir par ses faiblesses sous forme de condensation nuageuse, quand P. Greenaway cadre la ville (Stairs, Genève 1994) il fait de la photographie sans support, quand la ville se dévoile à l’occasion d’une faille scénographique, elle répond. C’est le réel qui prend sa revanche sur l’exposition. Il faudrait travailler un dispositif qui, pour paraphraser Filliou, n’aurait d’autre fonction, par l’occultation plus que par ses ouvertures, que, de rendre la ville plus belle que l’art.