C’est l’été, il faut respecter les traditions et en profiter pour vider le grenier. Accepter enfin de mettre les projets délaissés, inachevés, rejetés, non-financés, à la décharge. Accepter d’en faire le deuil. C’était là la fonction initiale du Dump et pourtant j’ai tardé à faire ce nécessaire dégraissage. Un projet archivé encombre inutilement la mémoire, déchargé, il pourrait alimenter l’imaginaire des autres. Il se pourrait même que certains d’entre eux reprennent vie à l’air libre.
Il faudrait s’interroger sur le fait d’éternellement différer le geste. Il en est des concepts de création comme des vieux meubles : un équilibre entre encombrement et attachement les maintient en suspend jusqu’au jour où l’on prend conscience du fait qu’ils plombent notre envol, qu’ils constituent une masse inerte qui nous ramène constamment à un état antérieur de la pensée conditionnant en retour le projet à venir. Il ne faut pas confondre la sédimentation des expériences, profondément fertile, et le ressassement des intentions en mal d’actualisation.