written:27 février 2007
Le plan, espace à deux dimensions, a longtemps été considéré comme la forme absolue de l’espace de projection. Toutes les autres dimensions sont supposées se révéler dans la compression qui écrase l’univers dans sa représentation bidimensionnelle. Cette projection dans le plan est censée exprimer sinon la substance des choses, disparue dans l’opération, au moins leur essence. L’autre côté du plan, miroir ou fenêtre, constitue l’image virtuelle -au sens de l’optique- issue de la représentation.
Le projet est come back d’un de mes projets post-adolescent maintenant digne du Dump:
Dématérialiser le plan de projection serait ne garder que le passage ou ne considérer que la surface dioptrique qui sépare deux espaces apparemment complémentaires et cohérents, mais que la division opérée par le plan désigne comme étrangers. Une ligne sur les cloisons bornant l’espace de présentation marque l’intersection du plan ainsi défini et de l’architecture qu’il sectionne. En désignant le plan immatériel plus que la représentation qu’il refuse obstinément de supporter, cette ligne renvoie l’être à l’être et non à son image. Celui qui passe outre le plan qu’elle définit est comme scanné par l’écran invisible que traverse son corps.
Le condamné à mort de Visible Human Project, découpé congelé en fines tranches dignes du meilleur charcutier, est probablement le premier (corps) à avoir vécu physiquement ce passage qui a converti, chose rare, les tranches de sa chair en image, sa matérialité en objet numérique total. Une représentation qui n’épargne pas l’objet représenté. C’est probablement le premier cas d’une conversion substantielle, littérale sans passer par la lettre; une transsubstantiation du corps en image, irréversible. Si l’on exclue de la réversibilité la conversion de l’image en pâtée pour chien alimentant en cela le cycle de la nature. Encore un accéléré technologique qui ne fait pas le détail.