La fin du vingtième siècle a consacré le commissaire en le plaçant au sommet de la pyramide artistique. Si le glissement de statut l’a progressivement transformé en auteur, puis en artiste, je propose d’aller jusqu’au bout de la logique historique et de créer, au vingt-et-unième siècle, le premier musée de commissaires. C’est là que l’on pourra découvrir une collection complète des actes curatoriaux majeurs de ces 30 dernières années sous forme de documentation, mais aussi parfois de reconstruction à l’identique ou encore de maquette d’expositions qui ont marqué l’histoire de l’art contemporain.
Une variante de ce projet pourrait faciliter la reconstitution en supprimant de l’exposition tous les éléments potentiellement revendiqués par des artistes (toiles, sculptures, installations, vidéos, et.) en ne conservant de leur présence dans le dispositif originel que le cadre de poussière laissée sur le mur, le ronronnement du projecteur vidéo, la trace au sol de la sculpture en fonte écrasant la moquette. Cette approche présenterait le double avantage de réduire les frais de présentation (assurances, transport, location d’Å“uvre) et de ne donner à voir que la matérialité de ce qui fait le geste curatorial: le fil sémantique et spatial qui relie des fragments de sens en déshérence.