written: 27 décembre 2006
J’ai longtemps pensé qu’inverser les paramètres de l’architecture était un moyen de s’interroger sur les rapports du construit au vivant. Le plein/vide, intérieur/extérieur, cloison/protection, transparence/opacité, contenant/contenu…
Dans cet esprit, les habitats troglodytes supposent une construction en creux, par prélèvement de matière, qui se développe autour des circulations et des extensions espérées.
Le Tunnel sous l’Atlantique et les travaux de cette période (94-95) construisait l’architecture autour des déplacements des visiteurs répondant à une fonction de découverte, d’évitement et de rencontre.
L’idée était que l’architecture pourrait chercher sa forme ailleurs que dans l’application de figures géométriques séduisantes, de volumétries hardies issues des modèles mathématiques telles que les outils actuels permettent de les appliquer au processus de conception. Il fallait chercher ces formes dans une extension de l’usage, dans la mise en Å“uvre de la déambulation dans l’espace comme une écriture du corps répondant à des nécessités dont la complexité nous échapperait encore au moins partiellement. Il fallait que la complexité architecturale provienne de l’usage et non l’inverse. On sait que le paysage que nous connaissons est né de la circulation conjuguée des fluides et des humains.
Tel un matériau infiniment plastique en attente d’information, l’espace s’ouvre et se cristallise autour de l’itinérance de ses visiteurs. La multiplication des passages modifie les proportions qui s’adaptent à la fréquentation. L’énonciation de l’objet de la quête affecte à celui-ci, à terme, une localisation comme une fonction à l’espace concerné. Les visites répétées neutralisent les demandes marginales et consolident les convergences. L’expérience, pratiquée de manière systématique dans un dispositif de simulation, définit un volume dont la géométrie extérieure, apparemment chaotique, reflèterait un usage autant qu’une usure. Une sorte d’érosion humaine de matière architectonique.
Le dispositif produit de la complexité organique induite, loin des formes lyriques issues des gesticulations de l’auteur qui affirme sur la scène internationale sa toute puissance.
[...] Si la Dug house se construit de l’intérieur et donne aux espaces architecturaux une forme qui découle de leur usure d’existence, de leur usage en image, alors il devient intéressant de mettre en place un dispositif qui définit l’objet architectural de l’extérieur. Là c’est la question du regard porté sur l’objet en rapport à son environnement. [...]